La City Cop
Mardi et vendredi, 60 étudiants incarnent des élus de Rio, Mumbai, Séoul... pour parler politiques environnementales. On se croirait dans un sommet international organisé par les Nations unies...
« Allez, Poutine, on se dépêche », plaisante Sylvie Pimbert, responsable de la licence Sciences appliquées écologie et société (SES) à l'UBS. Moscou est appelé. Les trois représentants moscovites signent la feuille d'émargement et se badgent, avant de prendre place dans l'amphi. Suivent les élus de Nairobi, Sydney, Moscou, New York, Amsterdam ...
Au total, 17 métropoles mondiales représentées pour cette « City Cop ». L'objectif de cette « première conférence multipartite des métropoles pour le climat » : « Rassembler les mégalopoles les plus influentes du monde et trouver des solutions pour lutter contre le changement climatique et les aider à se développer de façon durable. »
On se croirait presque dans un sommet international organisé par les Nations unies. Du costume porté par certains au titre-même de l'événement, en passant par l'hymne européen à l'entrée dans la salle ou l'introduction émouvante d'un secrétaire général.
Jeu de rôle
C'est le 2e grand jeu de rôle auquel se prêtent les étudiants de cette licence unique de la faculté des sciences (lire ci-contre). L'an dernier, ils rejouaient la Cop 21. Cette semaine, ils ont carrément inventé leur conférence. 60 étudiants des trois années se mettent dans la peau d'élus du monde entier.
En 10 minutes, mardi matin, par équipe de 2 à 4, ils ont présenté leur ville, chiffres clés à l'appui, et ses défis environnementaux. Avec sérieux toujours, une pointe d'humour parfois, une tenue du pays pour les plus audacieux. Comme ces deux représentants de Bogota en tenue militaire...
« Montréal est une ville très polluée : en 2013, elle a compté 65 jours de forte pollution, dont 24 de smog », indique ce « maire du 19e arrondissement », bien documenté, qui n'a pas hésité ensuite à distribuer pancakes et sirop d'érable à l'assemblée. Les « élus » de Tokyo rappellent le plan « Tokyo Carbon-Minus » et son objectif de réduction des émissions de CO2 de 25 % d'ici 2020, avec la création de 1 000 ha d'espaces verts.
Prix remis vendredi
Ce jeu de rôle est un bon moyen de développer la connaissance de pays et de villes, et de travailler sa communication. « On fait aussi connaissance entre promos », ajoute Phèdre Neuvéglise, étudiante en troisième année, présidente de cette City Cop 2017. Ils ont eu trois séances de deux heures en amont pour se préparer à cette City Cop, conçue par trois étudiants de 3e année.
L'après-midi, ces représentants négociaient entre métropoles, pour formuler des propositions pour l'avenir, échanger des savoir-faire, avec une difficulté : résister aux sirènes du lobby automobile. « Les équipes peuvent faire le choix de préférer l'argent des lobbies pour construire des autoroutes gratuites au développement durable... » L'équipe de l'Onu jouait le modérateur et l'ONG Greenpeace, le facilitateur.
Les négociations seront restituées et les prix remis vendredi : le meilleur négociateur, la ville la plus vertueuse, la ville la plus polluante, le coup de coeur du public. Les étudiants seront aussi notés. Faux sommet, mais vraie pression...
Nadine BOURSIER _ Source : Ouest France Etudiant