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L’acidification des océans : un enjeux oublié de la COP 21 ?

Le changement climatique n’est pas la seule conséquence des émissions humaines de dioxyde de carbone (CO2). Celles-ci sont aussi responsables de l’acidification des océans. Ce phénomène, aux répercutions alarmantes pour la biodiversité, est encore méconnu du grand public et presque absent des discussions de la COP 21.

 

Depuis 200 ans, l'océan a absorbé plus d'un quart du dioxyde de carbone produit par l'activité humaine, selon le rapport présenté à la COP 12 à la Convention sur la diversité biologique en 2014.

 

L’absorption du dioxyde de carbone (CO2) dans l’océan a l’avantage de réduire la proportion de ce gaz à effet de serre dans l’atmosphère et donc de ralentir le réchauffement climatique. L’océan concentre 50 fois plus de carbone que l’atmosphère : On parle de « pompe à carbone Â».

 

L’ennui, c’est que ce gaz est responsable de l’acidification des océans. En effet, lorsque le CO2 se dissout dans la mer, il réagit pour former des ions hydrogénocarbonates, produisant à terme des protons d’hydrogène (H+), un acide. « Par rapport à la période préindustrielle, l’acidité des océans a augmenté d’environ 26 % Â» explique le rapport des spécialistes internationaux de la biodiversité réunis l’an dernier en Corée. Le pH (potentiel Hydrogène) a ainsi baissé de 8,2 à 8,1. A l’heure actuelle, l’océan n’est pas prêt de se transformer en une masse d’eau acide, mais son pH diminue significativement, c’est pourquoi le terme « acidification Â» est le plus souvent employé.

 

L’acidification des océans menace une partie significative de la biologie marine.

Nombre d’organismes marins ont besoin de synthétiser du calcaire, que ce soit pour former un squelette, comme c’est le cas pour les coraux ou le plancton, ou bien une coquille pour ce qui concerne les crustacés et certains mollusques. Or la diminution de l’alcalinité du milieu rend difficile la formation du calcaire, et celle ci devient impossible lorsque le milieu devient acide. De ce fait, la fabrication de calcaire des organismes marins diminuerait de 20% à 50% d’ici à 2100 selon les différents scénarios de concentration en CO2 du GIEC.

 

La diminution de ces espèces marines entrainerait des conséquences encore inconnues sur la totalité de la chaine alimentaire.

Des impacts socio-économiques négligés

Le plancton joue un rôle majeur dans la survie des poisons plus gros, et sa disparition pourrait entrainer une réaction en chaine au sein de ce réseau alimentaire. Cela affecterait les industries de la pêche et de l’aquaculture. Les effets de l'acidification s'observent déjà dans le secteur de l'aquaculture dans le Nord-Ouest des Etats-Unis qui connaît une mortalité élevée dans les écloseries d'huîtres.

 

L’acidification affecte les barrières de coraux des iles tropicales et représente une menace importante pour la sécurité alimentaire de près de 400 millions de personnes qui dépendent de ces habitats.

 

Le coût global des impacts de l'acidification des océans sur les mollusques et les récifs coralliens tropicaux est estimé à plus de 1000 milliards de dollars par an d'ici la fin du siècle.

Vers un accord international sur les océans ?

Bien qu’il soit un élément clé de la machine climatique planétaire, l’océan a jusqu’ici été relativement absent des négociations sur le changement climatique. Beaucoup s’étonnent que la COP 21, perçue comme l’un des rassemblements les plus importants pour l’avenir de la planète et de l’humanité, ne prenne pas plus en compte les enjeux liés à cette immense masse d’eau. Mais légiférer précisément sur les océans relève à l’heure à actuelle du domaine de l’impossible. En effet, 64% des océans constituent les eaux internationales. Théoriquement, ils appartiennent à tout le monde et en matière de juridiction plutôt à personne. Si des conventions de préservation et de bonne gestion ont été mises en place, il n’existe aucun mécanisme assurant leur mise en Å“uvre, faute d’une véritable autorité pour assurer le droit. Mais ne soyons pas pessimiste car la COP 21 a justement pour objectif de faire ratifier aux 195 États membres de la Convention cadre des Nations Unies un accord contraignant visant à limiter le réchauffement climatique à 2°C, en diminuant les émissions de gaz à effet de serre, à l’origine de la grande majorité de nos problèmes environnementaux à l’échelle planétaire. Si cet accord est signé par tous, il obligera les pays à diminuer, entre autre, leurs émissions de dioxyde de carbone. Une bonne nouvelle donc pour les océans !

 

L’environnement se pense à long terme, et l’océan et les enjeux qui y sont liés trouveront une place prépondérante dans la stratégie environnementale mondiale. A J-21, la COP 21 doit se concentrer sur la réduction des émissions de CO2.

 

 

Millat-Carus Florène

 

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