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Le changement climatique une affaire de sous !

Le changement Climatique et la Crise économique ? Deux sujets d'actualité brûlants qui déchaînent les passions et suscitent des constats alarmistes. Deux problèmes qu’on a l'habitude de voir séparés dans les médias et souvent opposés. Pourtant ils sont en réalité intrinsèquement liés et agissent l'un sur l'autre.

De manière générale, les crises économiques ont un impact sur nos émissions de GES. La crise de 1929, par exemple, a fait tout d'abord baisser nos émissions de gaz à effet de serre par une perte de production industrielle. Pour y remédier les États ont investis dans une relance économique, en poussant les citoyens à consommer. À la sortie de cette crise la machine productionniste fonctionnait à plein régime. Autre exemple, la seconde guerre mondiale, qui a elle même contribué à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, puis engendré une grande période de prospérité économique qui a largement contribué à la situation environnementale que nous connaissons aujourd’hui. Prenant conscience de l’impact des activités humaines, les Nations Unies ont agi à partir des années 1970 pour tenter de limiter ce changement climatique. En 1997, le Protocole de Kyoto visant à réduire les émissions de 5 % par rapport au niveau de 1990 n’a comptabilisé que 37 signataires. Arrivé à terme en 2015 on a pu constater que les pays signataires avaient largement atteints leurs objectifs, dépassant parfois les 20 % de réduction. Cependant on observe que les crises industrielles depuis 1990 et 1980 et la désindustrialisation, éloignant les principales sources d’émissions, ont largement contribué à ce « bon » résultat. Aucun effort n’a été entreprit en parallèle, pour réduire sur les autres postes d’émissions principaux. La crise économique de 2008 n'a pour l'instant pas livré ses conséquences sur le climat. La climatologie est une science à long terme, mais nous pouvons déjà estimer les impacts de la sphère financière sur notre environnement, et il devient évident pour les États que le sort de notre climat est en quelque sorte lié aux orientations que prendra l'économie mondiale. Les actionnaires décideront-ils de soutenir des projets favorables pour le climat ou spéculeront-t-ils sur des énergies fossiles ? Quels seront les impacts de l'économie et des solutions de sortie de crise sur le changement climatique ? Ces questions sont importantes à prendre en compte elles régissent les tenants et les aboutissants de la sortie de deux crises majeures globales et peut-être devrions nous aussi nous demander si la prochaine crise économique ne sera pas provoquée directement par les effets du changement climatique...

Le coût de l'inaction

En 2006 deux ans avant la crise, un économiste, Sir Nicholas Stern (directeur du Budget et des Finances publiques au Trésor britannique et ex-chef économiste et vice-président de la Banque mondiale), a posé la question : Quel est le coût du changement climatique sur l’économie ? Ou plus précisément quel est le coût de l’inaction ? « Si l’on ne réagit pas, les coûts et les risques globaux du changement climatique seront équivalents à une perte d’au moins 5 % du PIB mondial chaque année, aujourd’hui et pour toujours. Si l’on prend en compte un éventail plus vaste de risques et de conséquences, les estimations des dommages pourraient s’élever à 20 % du PIB ou plus. En revanche, les coûts de l’action, à savoir réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter les pires conséquences du changement climatique, peuvent se limiter à environ 1 % du PIB mondial chaque année» (source : Stern review → http://mudancasclimaticas.cptec.inpe.br/~rmclima/pdfs/destaques/sternreview_report_complete.pdf). Malgré un scepticisme apparent lors de sa sortie et des critiques méthodologiques par ses pairs économistes, son rapport a connu une suite favorable. Un nouveau rapport sur les coûts de l’inaction est sorti en Septembre 2015, publié par CitiGroup. Ses conclusions vont dans le même sens, voire sont plus alarmistes encore, puisqu’elles annoncent que le PIB mondial pourrait baisser de 72 milliards de dollars en fonction du nombre de degré dont la température augmente. Ces différents rapports permettent de mettre en évidences certains mécanismes de la finance qui peuvent avoir un effet réel sur nos émissions de gaz à effet de serre.

Des solutions économiques à la crise climatique ...

Le rapport Stern ne se contente par de constater. Il propose aussi des solutions. Notamment la création d'un marché carbone comme alternative à l'inaction des États. Ce marché permet aux organismes très émetteurs de gaz à effet de serre d'acheter des droits d'émissions à d'autres organismes qui eux en émettent très peu. Cette solution est pour l'instant très peu prisée et encore très contrôlée par États et organismes officiels qui distribuent les droits à émettre. Le marché carbone n'est pas présent dans toutes les bourses du monde et fonctionne différemment d'un pays ou d’un continent à l'autre, connaissant plus ou moins de déboires. L’Europe, par exemple, a distribué trop de droit à émettre et le cours du carbone s'est directement effondré ramenant le prix de la tonne de carbone à 7 € ce qui est largement inférieur au coût de son impact sur notre environnement. Coût qui d'après le prix Nobel d'économie Jean Tirole devrait être de 100 € la tonne . Pourtant un espoir réside au travers de la nouvelle loi sur la transition énergétique qui a prévu de quadrupler entre 2016 et 2030 le prix de la tonne de CO2. En France, elle devrait passer dès janvier prochain à 22 € la tonne au travers de nombreuses taxes menées sur les échanges du carbone. Pour pousser les entreprises à se porter vers ce marché, les États et responsables de collectivités du monde entier se sont rassemblés et ont appelés en octobre 2015 à une tarification globale des émissions de gaz à effet de serres pour « décarboner » nos activités. Cela devrait nous inviter à réfléchir sur le coûts de nos actions et à nous demander si le réchauffement climatique n'est qu'une externalité économique pouvant être régulée par le marché. Le rapport met aussi en avant le fait nous ne pourrons pas espérer inverser la tendance sans aider les pays émergent à se développer vertueusement. Un coût sans précédent pour l'ensemble de l'humanité. La Banque mondiale précise que ces États en voies de développement ont besoin de 100 à 150 milliards de dollars par an pour se développer vertueusement or depuis 5 ans ils n'ont reçu pour tout que 182 milliard de dollars. Un fait que le fond Vert pour le développement, outil financier que propose l'ONU pour la COP 21, pourrait solutionner. Aujourd'hui 10,2 milliards de promesses de dons ont été faites, mais cela reste insuffisant à la vue des besoins financiers des pays émergents. Pour gérer ce fond, 24 pays présideront un Conseil d'administration, constitué à parts écales de pays du Nord et du Sud. Ils accréditeront les organismes capables de recevoir un financement de ce fond, pour un ou plusieurs projets, visant à développer des solutions soit pauvres en émissions, soit visant à réduire les émissions de CO2.

Les lobbys : double jeu et double enjeux

Malgré les solutions qui se dessinent pour réguler nos émissions, il subsiste toujours une part d'ombre que nous, citoyen lambda, ne pouvons que soupçonner. En effet entre les bureaux des décideurs politiques et la Bourse, il n'y a qu'un pas et dans les couloirs de ces lieux de décisions politiques, rôdent d'étranges animaux mi-politiques mi-économiques. Motivés par l'intérêt ils chassent leurs ennemis et protègent leurs territoires à coup d'influences et d'actions discrètes. Ce sont les lobbies. Ceux de l'énergie, de l'industrie et parfois de l'agroalimentaire, très puissants, défendent ardemment leurs intérêts, notamment en matière d'énergie fossiles. Ils font pression depuis des années sur les États pour ralentir la sortie de lois environnementales ou de lois risquant de limiter leurs activités. Les blocages qu'ils créent sont contraires aux intérêts de l'humanité et tendent à condamner des populations entières à déménager, après avoir vu leurs terres détruites, englouties ou ravagées, leur nourriture polluée et se raréfier, les épidémies se répandre. Par exemple, nous savons depuis des années que le diesel émet beaucoup de CO2 et de fines particules de métaux lourds qui nuisent gravement à notre santé. Pourtant l'État français continue de favoriser le diesel à travers de nombreuses subventions. Et ce malgré toutes les alertes : la pollutions grandissante des villes et les problèmes respiratoires chroniques en constante augmentation. Le coût de ce soutient est immense en termes de santé publique comme de climat. Il creuse le trou de la Sécurité sociale et augmente la concentration de gaz à effet de serre.

 

Pourquoi l'intérêt de quelques uns devrait-il primer sur l'intérêt général ? Comment répondre à leur toute puissance et contrer leur pouvoir ? Par les mêmes moyens que les leurs, par des groupes de pression citoyens. Ils en existent de nombreux au travers d'associations, d'ONG, de collectifs qui rassemblent les citoyens derrière un intérêt commun qu'ils défendent auprès des décideurs politiques. Bien sûr, il est difficile de réunir les mêmes moyens financiers que les multinationales mais ce pouvoir est autrement plus grand. Il est motivé par l'intérêt commun, porté par la masse de ceux qui peuvent renverser le pouvoir, et décider de l'avenir de la nation, et cela personne ne devrait l'oublier. La démocratie, la volonté du plus grand nombre, est le fer de lance de nos sociétés contemporaines. Il faut se servir des armes à disposition. Les citoyens peuvent eux aussi former des lobbys. Ces associations et regroupement d'associations ont le pouvoir de la voix du plus grand nombre. Ils peuvent représenter la démocratie face à la finance et obliger la finance à redevenir démocratique. Ces lobbies financiers et industriels, pour maintenir leurs profits, ont intérêt à ce que les citoyens ne puissent pas accéder aux hautes sphères de l'économie.

 

L'économie et le monde de la finance ont un impact sur le changement climatique. Ils ont un pouvoir certain sur les tenants et aboutissants des émissions de gaz à effet de serre, mais la démocratie doit être le garde-fou de leurs actions et veiller, par son biais, à maintenir l'équilibre dans le bon sens, vers un développement durable.

 

 

Pledel Roxanne

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